Au FPU 2019 : Les OIN, centre de gravité du projet urbain à Bordeaux et Marseille

Projets urbains
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A Bordeaux comme à Marseille, si les Opérations d’intérêt national (OIN) n’accaparent pas la totalité des projets de leurs métropoles respectives, elles constituent le moteur de leur développement. Au Forum des projets urbains, organisé par Innovapresse le 12 novembre à Paris, les dirigeants des Etablissements publics d’aménagement (EPA) Euratlantique et Euroméditerranée sont venus faire un point d’étape.

L’objectif de Bordeaux Euratlantique est,  dès sa création, en 2010, de préparer l’arrivée de la ligne à grande vitesse (effective en 2017) et de produire de quoi abriter 30 000 emplois et 50 000 personnes en 2030, rappelle Stéphan de Faÿ, directeur général de l’EPA en charge de l’OIN. En espérant que le bilan final soit celui-ci : au départ, 100 M€ de subvention de l’Etat et des collectivités, donnant lieu à 1 Md€ d’investissements de l’EPA, permettant par effet levier 8 Md€ de dépenses, et le remboursement, in fine, des 100 M€ aux collectivités et à l’Etat. Une gageure, même si Stéphan de Faÿ se dit confiant. 

A la moitié de l’existence de l’OIN – et de l’EPA -, "la moitié des mètres carrés sont contractualisés et 3 % sont livrés", indique le dg, arrivé en septembre 2014. Et celui-ci de lister quelques principes directeurs d’aménagement. Le premier objectif est la création de "quartiers épanouissants". Pour cela il faut, explique-t-il, conserver une échelle "du quartier de vie", qui permet de "tout trouver à 300 mètres". Ce qui implique une mixité programmatique, que les constructeurs doivent "pousser à l’extrême, c’est à dire jusqu’à l’intérieur des immeubles". Cela implique également de se donner les moyens que les commerces de proximité restent dans le temps, raison pour laquelle l’établissement se pose la question de "la création d’une foncière commerciale" permettant de maîtriser les installations.

Il faut également, expose Stéphan de Faÿ, "réapprendre à construire pour des siècles". Et "ce n’est pas avec des bilans à 1 100 €/m2 qu’on va avoir des bâtiments qui traversent le temps". Le développement des filières locales est un autre grand principe, avec la désormais fameuse règle des 50 000 m2 de construction bois par an sur l’OIN, "avec du bois local, évidemment", précise le dg. Parmi les objectifs également, celui d’une densité assumée "pour éviter l’étalement urbain", acceptée par les riverains grâce à une certaine "honnêteté dans la concertation, avec une transparence sur les conséquences de cette densité, ce que cela permet de faire ou pas" ; ce qui a valu a l’aménageur de n’avoir "qu’un recours sur toute l’OIN pour l’instant".

Améliorer la place de la nature dans la ville,  priorité qui n’est pas la plus difficile à mettre en œuvre, à écouter Stéphan de Faÿ, qui se satisfait d’un "terrain de jeu facile" en la matière. L’innovation, enfin,  doit être "le socle de tout projet" proposé à l’aménageur, avec l’engagement des promoteurs sur "un à quatre thèmes" fixés par l’EPA, parmi lesquels la solidarité territoriale, les énergies ou les mobilités. 

Un "écoquartier méditerranéen" dans les quartiers Nord de Marseille

L’innovation, l’EPA marseillais Euromediterranée en a également fait sa marque de fabrique avec, entre autres, les Fabriques, justement. Un "écoquartier méditerranéen" de 14 ha sur l’extension de l’OIN, au nord, "pas la partie la plus facile", d’après Hugues Parant, directeur général, où Bouygues (Linkcity et urbanEra) pilotera, autour des Puces existantes, le développement de 250 000 m2 de SDP donc 170 000 m2 de logements et 44 000 m2 de bureaux.

Pour les espaces publics, un groupement mené par les paysagistes d’Ilex (avec Egis et Strate) a imaginé "retrouver les fondamentaux de la ville méditerranéenne". Une ville forcément résiliente, notamment à la chaleur et au ruissellement des pluies d’orages. Pour cela, explique Guerric Péré (Ilex), 20 % des espaces seront plantés, un minutieux mélange de terres et de cailloux composera le sous-sol (y-compris lorsque le sol est imperméabilisé) afin de permettre, d’une part, "une absorption des eaux de pluie à 100 % sur tout le quartier", et d’autre part, que les racines de la végétation se développent plus amplement. Aucun stationnement en surface n’est prévu, et il n’y aura pas de distinction entre espaces ouverts publics et privés. Un site d’expérimentations de 3 500 m2, sur le quartier, doit, en outre, servir à tester la recréation de terres fertiles, l’optimisation de l’arrosage, les matériaux drainants, l’éclairage intelligent, etc.

 

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