Arrêt-buffet pour le Grand Stade de rugby, les élus de Grand Paris Sud demandent des explications à la FFR

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Aussitôt dit, aussitôt fait. En campagne pour l’élection de la présidence de Fédération française de rugby (FFR), Bernard Laporte avait promis d’arrêter le projet de construction du Grand Stade de rugby (cf. DIF 1273). Une dizaine de jours après sa prise de fonction, le 3 décembre, le nouveau président a confirmé sa décision. La semaine dernière, le comité directeur de la FFR a définitivement enterré l’enceinte de 82 000 places qui devait s’élever sur la commune de Ris-Orangis (91). Un projet mort-né. Et un choc pour les élus de la communauté d’agglomération de Grand Paris Sud. Son président, Francis Chouat, s’étonne que la FFR, qui partage avec le département de l’Essonne "une histoire commune depuis 15 ans", ait pu prendre cette "décision unilatérale". Les deux vice-présidents de Grand Paris Sud, Stéphane Raffalli, maire (PS) de Ris-Orangis, et Jean Hartz, maire (LR) de Bondoufle, se sont joints à lui dans un communiqué pour demander des "explications" à l’institution sportive, mais aussi pour réaffirmer "leur détermination à défendre et agir pour le territoire". 
D’abord, les élus rappellent les contours du projet : "bien plus qu’un stade, ce projet étendu sur un site de 133 hectares (dont 15 pour le stade) dépasse en réalité le cadre du simple projet sportif ; il est un projet de territoire, un projet pour les habitants, un projet qui peut transformer l’Essonne et le Sud francilien". Pour mémoire, début octobre, la communauté d’agglomération avait lancé un AMI (Appel à manifestation d’intérêt) pour l’aménagement des 48 premiers hectares autour de l’équipement sportif. Ils mentionnent également les engagements pris par l’Etat, dont la signature d’un CIN, ou encore la déclaration d’intérêt de la Caisse des dépôts pour investir financièrement dans le projet. 
Sans manquer d’adresser une petite piqûre de rappel à la FFR – lui remémorant que c’était bien elle qui, en 2011, avait lancé un appel à candidatures pour l’implantation d’un stade, puis validé le choix de l’hippodrome de Ris-Orangis/Bondoufle en juin 2012 -, les élus reviennent sur les enjeux de l’opération. "Ce qui est fait, ce qui a été réalisé autour du stade est néanmoins un capital puissant, important pour notre territoire. Ce projet nous a permis des avancées en termes de transport, une visibilité, une reconnaissance. Ce projet a montré qu’il pouvait se passer quelque chose en grande couronne. L’Appel à manifestation d’intérêt et la mission de préfiguration du cluster sports ont montré tout le potentiel du site, son attractivité, notre capacité collective à proposer un projet innovant à 25 km de Paris, et à bâtir un projet urbain ambitieux (…). Nous sommes prêts à discuter avec la FFR et assumerons nos responsabilités". Tout n’est pas perdu, donc, espère Grand Paris Sud. Selon la communauté d’agglomération, la nouvelle direction n’aurait pas suffisamment étudié le dossier, "la solidité du projet" et "les avancées obtenues depuis 2011". 
Au moment de notre bouclage, seuls les élu-es régionaux EELV&A d’Ile-de-France et Europe Ecologie Les Verts 91 avaient réagi. Eux saluent "une décision raisonnable qui s’imposait". Et rappellent : "les écologistes ont toujours dénoncé la gabegie d’argent public dépensé pour promouvoir le 'cluster sport’, énième zone commerciale destructrice de l’environnement, dévoreuse de financements publics, et prédatrice en emplois pour les secteurs voisins". Qualifiant le cluster sport de "démesuré et ne répondant à aucun besoin des habitants". Ils regrettent également le "chantage habituel" voulant que le développement de transports en commun doive s’accompagner de "béton et de zones commerciales". 
L’opération tuée dans l’œuf laissera une facture de près de 14 M€ selon la Fédération française de rugby. (JS)

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