La Fnaut défend le péage urbain adapté et décidé par les élus

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La suppression de l’article 22ter du projet de loi d’orientation des mobilités (LOM), donnant la possibilité aux villes de plus de 100 000 habitants (contre 300 000 dans la loi Grenelle II) d’instaurer un péage urbain est une décision "regrettable", selon la Fnaut. Le dispositif aurait permis, outre sa réponse environnementale, de financer les transports collectifs et de participer, de fait, à la réduction de la fracture sociale, en particulier dans les villes moyennes. C’est ce qu’explique Jean Sivardière, vice-président de l’association des usagers des transports. Les populations les plus modestes, "qui, souvent, habitent près des voies rapides", pâtissent des "nuisances" – bruit et pollution de l’air – et d’une pénurie de transports collectifs. Ils sont dépendants de la voiture individuelle, à l’inverse des personnes plus aisées des centres-villes. Contrairement aux idées reçues, ou communiquées, "le transport collectif peut être développé à un coût raisonnable, notamment dans les zones périurbaines, à faible densité". Et si le péage urbain n’a de sens "que dans des villes équipées en TC, avec parkings relais", il motiverait, de fait, le développement d’un vrai maillage en TC, adapté au territoire et décidé par les élus. En cela, l’article de la loi LOM "allait dans le bon sens" : il permettait aux futures autorités organisatrices de la mobilité (AOM) d’instaurer ou non le dispositif. 

Jean Sivardière "craint un report durable". La suppression de l’article 22ter est "une décision anti-écologique et anti-économique", car "l’usage de la voiture [au cœur des villes] coûte cher à la collectivité, en termes de congestion – avec des conséquences sur le fonctionnent économique de la ville -, et de pollution de l’air". Autrement dit, "l’automobiliste en ville est fortement subventionné : il devrait payer trois fois ce qu’il paye aujourd’hui via les taxes sur les carburants". 

Le péage urbain "est nécessaire aujourd’hui" ; il apparaît comme "une extension naturelle du stationnement payant", ce dernier étant, par ailleurs, une forme de péage urbain, mais "de stock", et non de flux. C’est une "mesure rapide" pour "obtenir une baisse du trafic automobile en ville". Si l’on observe effectivement, depuis une vingtaine d’années, une réduction du trafic automobile dans les grandes agglomérations, "comme à Lyon,  Strasbourg et Grenoble, dont la part automobile a été ramenée à moins de 50 %", grâce au développement des transports collectifs et aux dispositions prise à travers "les Plans de déplacements urbains [PDU],  la baisse est trop lente", surtout dans les plus petites villes, souligne Jean Sivardière. "Il faut aller au-delà des PDU", du co-voiturage, et du télétravail, des "expédients". 

La hausse des taxes sur les carburants voulue par le gouvernement devait rapporter 2 Md€ à l’Etat en 2019, produit censé abonder le budget général régalien, sans avoir, par ailleurs, de détails sur ce qui aurait été affecté à la transition écologique, et au développement des transports collectifs. 

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