Résilience et oubli

"Ce n’est pas que les Français ne soient pas intéressés par la chose publique : c’est l’offre de la chose publique qui est à réinterroger", avertissait Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes Métropole, lors des débats autour du Grand Prix de l’urbanisme, le 11 décembre (cf. p. 9). Constat amplement confirmé par la persistance du mouvement des "gilets jaunes" et ses suites. Cependant, l’élue nantaise disait encore : "plus on est clair sur le cap, plus on peut être souple, créatif et agile sur le chemin". Une analyse valable aussi bien pour le projet politique que pour le projet urbain.
Souplesse et créativité sont nécessaires en particulier dans les secteurs soumis au risque d’inondation. Concepteurs et aménageurs s’y emploient (lire notre dossier p. 18), en gardant pour cap la production de quartiers à la fois agréables à vivre et sûrs pour les futurs habitants.
Ces projets urbains résilients, qui demandent sans doute davantage de volontarisme, sont confrontés à un écueil, celui de la capacité d’oubli des populations par rapport au risque. Une fois que l’eau s’est retirée et que les dommages ont été réparés, il s’écoule peu d’années avant que la conscience du danger disparaisse. Cette capacité d’oubli pourrait toucher aussi les décideurs politiques face aux attentes traduites plus ou moins confusément dans un phénomène comme celui des "gilets jaunes". Après le Grand débat national et les mesures de réparation qui pourraient s’en suivre, c’est à une évolution au long cours des rapports sociaux qu’il faudrait s’atteler.
Marie-Christine Vatov, rédactrice en chef

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